Bien avant leur découverte par Christophe Colomb en 1493 et 1495, les Caraïbes étaient pour leur majorité peuplées par les Indiens Arawaks , marins pacifiques et les Taïnos connus pour être de sombres guerriers, tribus dont il reste aujourd’hui des traces de civilisations dans quelques une des îles et une petite communauté à la Dominique. Des vestiges engloutis par les décennies de colonisation de la région.
La colonisation est pacifique auprès des autochtones et la compagnie des îles d’Amérique dont l’administrateur principal n’est autre que le cardinal de Richelieu, a pour mission la conquête territoriale, la christianisation des indigènes, et l’établissement des colons dans les îles. Des repris de justice, prisonniers et autres voyous surnommés les « petits blancs » viennent prêter main-forte et aident à cette mission de défrichage et d’installation dans les îles, en contrepartie, au bout de quelques années, un lopin de terre leur est concédé.
Le tabac se développe, mais il est vite abandonné au profit de la canne à sucre, plus rentable. Les plantations voient le jour et la traite d’esclaves venus d’Afrique bat son plein dès 1640. Les îles françaises sont particulièrement marquées par ce trafic qui va durer des années et assombrir le bel horizon des caraïbes. Les navires négriers débarquent sur les îles des milliers d’esclaves qui apportent la main d’œuvre nécessaire à la culture de la canne. L’économie prospère, administrée par des gouverneurs peu scrupuleux.
Puis toutes les guerres européennes se transportent aux Antilles, s’en suivront des occupations, anglaises, espagnoles, hollandaises et françaises. Les puissances européennes de l’époque s’affrontent ici, comme sur le continent, générant des querelles intestines et des guerres incessantes pour l’appropriation de tel ou tel territoire. Traités après traités les îles se cèdent, se jalousent, se reconquièrent. Elles gardent la mémoire génétique de cette cohabitation. La plupart des îles commercent avec leur pays de rattachement et les États-Unis, mais l’économie est limitée. Cette longue période dure jusqu’à la Révolution. En 1817, l’abolition de l’esclavage est prononcée, un peu partout, mais il perdurera quelques années encore dans les alentours.
En 1830 les hommes de couleur obtiennent enfin les mêmes droits que les autres. Même si leur exploitation continue en certaines îles.
Après la dernière guerre, les îles gagnent leur indépendance à partir des années 1945. Ne formant pas un bloc historique homogène chacune suit son propre chemin selon des processus différents et en fonction des influences passées. Leur statut évolue vers celui de départements d’outre-mer pour les colonisations françaises. Certaines îles anglaises ou hollandaises bénéficient quelque temps du tutorat de leur empire de rattachement. Mais de plus en plus, les Caraïbes tendent à devenir des modèles économiques indépendants. Au fil du temps, le tourisme a pris le pas sur l’agriculture traditionnelle comme source de revenus effective de la plupart des îles. Un passé riche de victoires et de défaites, le sang et la sueur des esclaves, laissent ici une empreinte qui se retrouve dans la mixité des populations, leur métissage, leur langage et leurs us et coutumes.